Emblématique plante des druides, popularisée par Astérix et Obélix, c’est aussi une plante emblématique des fêtes de fin d’année au même titre que le houx. Très courant en Europe du nord, ce sous arbrisseau qui porte le doux nom latin de Viscum album autrement dit « le truc visqueux et blanc » en référence à ses fruits.

Le saviez vous ?

Il existe des guis en Australie mais ils ne parasitent pas les branches, ils parasitent les racines !

Première curiosité

Vous ne le savez peut-être pas mais le gui est un sous arbrisseau, un mini arbuste en somme. Et il ne pousse pas dans la terre mais sur les arbres, c’est donc une plante épiphyte c’est-à-dire : qui pousse sur une autre plante mais sans lui faire de mal. Ce qui n’est pas très exact ! En effet, la plante est hémiparasite entendez « à moitié » parasite. Elle se fixe sur les branches des arbres qui ont le plus souvent un bois tendre (peupliers, saules, pommiers,…) et y enfonce des crampons suçoirs qui vont se lier aux vaisseaux de sève de celui-ci.  Mais pas n’importe quels vaisseaux, ceux de la sève brute.

Rappels importants pour bien comprendre !

Sève brute : elle circule dans les vaisseaux qui véhiculent l’eau et les minéraux absorbés par les racines et qui sont acheminés vers les feuilles pour réaliser la photosynthèse grâce au soleil.

Sève élaborée : en passant dans les feuilles la sève est soumise à la photosynthèse, la sève brute se transforme et devient (plus complexe), élaborée, et repart à travers toutes la plantes dans d’autres vaisseaux spécifiques. Elle contient désormais des sucres qui permettront à la plante de pousser.

Le gui est donc fainéant car il ne produit pas de racines longues pour puiser sa nourriture, il ne fabrique pas un tronc massif pour aller chercher la lumière, il parasite son hôte en lui prélevant ce dont il a besoin.  Mais contrairement aux vrais parasites qui eux ne sont pas verts et profitent du travail déjà fait eux prennent la sève élaborée, le gui lui est vert il contient donc de la chlorophylle et fait donc de la photosynthèse, il ne prend que cette sève brute dont il se servira pour faire sa photosynthèse et pousser. C’est pour cela qu’on le dit à moitié parasite.

Pour faire simple c’est un peu comme si le gui profitait d’un room service gratuit qui lui livre les ingrédients pour faire sa cuisine alors que les vrais parasites se font livrer les plats déjà cuisinés.

Seconde curiosité

Le gui est dioïque, c’est-à-dire qu’il existe des plantes mâles et des plantes femelles.  Les fleurs seront pollinisées entre autre par les mouches, et oui les abeilles et bourdons n’ont pas le monopole ! Suite à la fée condation (bon j’avoue elle est facile, mais en période de Noël  c’est plus féerique) se formeront les fruits, des baies blanches renfermant un gel visqueux et une graine. Les fruits mettent 2 ans avant d’être mûrs !  Ils seront alors mangés par des oiseaux (mésange bleu, grive, …) qui, lorsqu’ils déféqueront, colleront sans le vouloir une graine sur une branche et le cycle du gui pourra alors continuer.

Étonnant !

Une boule de Gui peut fabriquer près de 30 000 graines en 35 ans, 1 seule sur 10 ou 15 000 donnera un nouveau pied !

Le gui atout de séduction en période hivernale

Cette tradition nous vient de la Rome antique (aux alentours de 476 après JC) où le gui avait une place de choix dans les rituels liés aux mariages. Au moyen âge, la tradition voulait qu’on s’offre du Gui assorti d’un dicton « au gui l’an neuf » qui évoluera ensuite pour « bon an, mal an, dieu soit céan » (céan = dans la maison). Au 19ième siècle ce dicton devint « bonne et sainte année, le paradis à la fin de vos jours » puis au 20ième siècle « bonne et heureuse année ». En somme le gui a toujours servi de porte bonheur et d’entremetteur.

Ce sont les Américains qui ont accentué cette mode de s’embrasser sous le gui car dans leurs traditions ils s’embrassent lors des fêtes de fin d’année sous un bouquet de gui spécifique (Phoradendron flavescens). Les films et séries ont ancré ces traditions dans notre conscience. C’est donc un très bon moyen de drague version botanique pour les fêtes de fin d’année ! Surtout pour toi, jeune homme, qui devant une jolie jeune fille voudrait tenter un « tu es charmante… on s’embrasse » ou pire un « t’es bonne ! tu viens ? » … je te conseille la stratégie du gui, emmène cette jeune fille inopinément te rejoindre sous ce bouquet et soudainement lève la tête et d’un air (faussement) gêné sort un «tien … on est sous le gui » et ajoute peu après que « tu crois au destin… ? » tu auras alors multiplié par 10 tes chances de finir une bonne soirée en bonne compagnie. Cette technique marche aussi pour les filles et pour tous les âges… la botanique ça sert vraiment à tout ! 😉

N’oubliez pas, restez curieux !

Pour en savoir encore plus, je vous conseille de lire ce très bon article :

L’article de ENS Lyon département biologie de Régis Thomas, David Busti et Margarethe Maillart, novembre 2011